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Auto-éditer un livre : pourquoi comment ?

Auto-éditer. De l’envie d’écrire à la publication.

En tant qu’autrice, j’ai régulièrement été sollicitée par des auteurs en devenir ou des accompagnateurs d’auteurs en devenir. (Comment auto-éditer un livre ? Quels besoins ?…)

Cela a été le cas avec Delphine Bourbon. La jeune femme, qui voulait lancer une activité de maquettiste free-lance, et visait le public des auteurs auto-édités, s’est rapprochée de moi afin de savoir plus sur mon parcours, mes besoins, mes constats.

Bref. Eléments de réflexion dans l’interview (ci-dessous). Interview que je permets de partager avec son autorisation (publication initiale : janvier 2023).

Le blog de Delphine Bourbon : https://delphinebourbonmi.wordpress.com/

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Delphine Bourbon : Pouvez-vous me parler de votre parcours, comment avez-vous eu l’idée d’écrire des livres ?

Johanne Gicquel : Comme j’aime à le dire, je suis une filles des landes (bretonnes), poussée entre deux lieux, la ferme et les bois. Depuis môme, je suis attirée par les choses de la nature.

Je me suis donc « naturellement » dirigée vers l’environnement – en passant par la case sciences. Je n’avais jamais imaginé mené des études artistiques ou dans l’édition.

Bref. Je suis devenue paysanne et là, j’ai poussé la porte de maisons avec un projet de carnet de ferme entre autres.

Rien ne verra le jour (post-crise économique de 2008) mais une chose était devenue évidente : je ferai des livres, et très vite, parce que […], je me suis dit que j’allais les éditer.

 

concilier passions et activité

DB : Comment faites-vous pour être photographe, peintre et écrivaine ?

Pour ma part, j’aime tout autant ces 3 disciplines – je me sens « pleine » en les pratiquant toutes. Car évidemment allais-je dire, je n’ai pas manqué de conseils ! « On » m’a ainsi régulièrement suggéré de choisir entre photo et peinture – avant même que je ne commence à faire savoir que j’écrivais. Mais cela aurait été comme m’amputer.

Je partage donc mon temps entre la pratique de ces disciplines, les expositions, et les salons du livre. Et ls causeries, c’est-à-dire des échanges avec le public. C’est essentiel à mon sens et pour mon équilibre. Cela permet de rencontrer des gens, de sortir de l’isolement du métier et puis, surtout, de faire bouger le schmilibilig. Mon travail est assez militant, en fait : pro-nature, un peu féministe, très social en définitive.

 

de l’envie de livre à l’auto-édition

DB : Pour quelles raisons vous avez décidé de vous auto-éditer ?

JG : J’y suis venue pour plusieurs raisons, déjà évoquées. Pour faire court, j’ai voulu être libre de mes choix (éditoriaux, images, textes, …) et voulu tirer un revenu de mon travail d’auteure en commercialisant et diffusant mes ouvrages moi-même.

Je fais ma vente directe, tant bien que mal ^^

Pour ce qui est du fond et de la forme, je prends l’exemple de Paysâmes : je voulais inclure des poèmes entre autres. Pas sûre qu’un éditeur aurait accepté ce melting-pot ! Une ex-éditrice, relectrice volontaire, m’avait suggéré d’enlever ces textes et quelques autres assez personnels – mêler les souvenirs de fille de la terre à des textes d’analyse agricole, pour ainsi dire, lui semblait improbable. Or, c’est ce qui fait – il me semble – la force de l’ouvrage. C’est en tout le retour que j’en ai eu. « Politique et poétique », d’après un chroniqueur de France Inter. Joli résumé, je trouve et ça a rassuré la femme – toujours dans le doute.

 

le livre : de a à z

DB : Pouvez-vous me raconter le processus de création d’un nouveau livre ? Par quoi commencer vous le texte, les photos…

JG : La façon de procéder diffère, selon le sujet et le contenu de la photothèque.

Par exemple, le 1e tome Bulles de Vie – dédié au jardin – s’est imposé parce que j’avais des centaines d’images et très envie de les partager. Pour les tomes suivants – dédiés aux zones humides et au littoral, j’ai bien sûr utilisé les images déjà collectées, mais j’ai organisé des sorties photos pour compléter le propos, manquant d’images bien cadrées, bien en harmonie (je suis très exigeante sur l’esthétique).

Là, je prépare un livre sur mon père et je pars des textes. Je pense ajouter des illustrations et des photos d’archive. Pour mon conte (pour les enfants), je suis partie de l’histoire et ai fait des aquarelles.

Pour Paysâmes et Paysômes (en cours), c’est encore différent.

Bref. Pas de règles fixes et définitives. Mais un cap en tête.

 

concretement : du projet au papier

DB : Comment faites-vous la mise en page et l’impression de vos livres ?

JG : Là, encore (c’est parfois laborieux et j’aimerais déléguer) et pour le moment, je gère de A à Z.

Pour la mise en page, ça s’est imposé vite : le graphisme est très personnel.

Pour l’impression, j’ai bossé exclusivement en Bretagne et dans l’Ouest jusque-là du moins car le constat est là (cf. mon blog) : c’est (plus) coûteux de faire local, « responsable », ça suppose des prix de vente plus élevés. Et cela ne suffit pas à vendre.

Ma question est simple : comment concilier convictions et revenus ? A voir donc pour la suite.

 

DB : Comment travaillez-vous votre communication pour vous faire connaître ? Faites-vous des salons ?

JG : C’est un point essentiel, stratégique. Et pas simple. Je vise désormais les salons du livre, abandonnés un temps (j’avais une boutik). Quant aux réseaux sociaux, je suis dubitative, je cherche encore le ton à donner à ma communication – que je ne trouve pas satisfaisante.

Enfin, j’ai fait appel aux services d’une agence de presse pour Paysâmes. Le livre a bénéficié d’une couverture presse assez énorme, que j’aurai incapable de mener si efficacement. Cela a un coût et là aussi, je vais revoir lors de ma prochaine campagne presse : je vais éviter les envois de livres papier par dizaines. J’ai tendance à être (trop) généreuse.

 

artiste et citoyenne : et vivre de son activité

DB : Faites-vous des expositions pour vos peintures et vos photos ?

JG : Oui. Reste à trouver les lieux – je suis en train de faire ce travail de recensement des salles qui accueillent des expositions et qui défraient les artistes. Exposer n’est pas compliqué en soi, vivre de son art demeure en revanche un pari assez osé, pour qui n’est pas du sérail a fortiori.

Je ne transige que rarement là-dessus, ça m’arrive pourtant mais je trouve ça si frustrant !

A quel boulanger on lui « demande » du pain sans envisager le payer ?  A aucun. Pourtant, c’est ce qu’on l’on réclame aux artistes continuellement. Alors la femme militante dans l’âme que je reste, continue de poser la question de la rémunération, quitte à ne pas être comprise (« vous allez vous faire connaître ! », « on n’a pas de sous ! ») et à ne pas exposer.

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