« Ce livre et une œuvre de générosité à remettre entre toutes les mains. Une graine à planter dans les sillons de notre conscience. […]
En cette époque de déshumanisation programmée, de tyrannie du virtuel et de perversité mercantile, il est bon de renouer avec l’essentiel, le bon sens et la simplicité des vraies choses. La verticalité de l’être et la noblesse du vivant.
Merci à vous Paysans/Paysômes
D’être là, fiers et debout
Pour nous donner à vivre
Et nous aider à grandir. »
Marc Chaubaron, artiste auteur. Extrait de la Préface de Paysômes.
genèse : après Paysâmes, Paysômes
Genèse de Paysômes
Pourquoi Paysômes, pourquoi encore un livre racontant les hommes ? Simplement parce que ce sont des hommes qui m’ont donné le goût de la terre. Parce que je suis mère de 2 garçons. Tout ça, je l’évoque en poésie dans le texte introductif* à Paysômes.
Femme dans un monde d’homme, je n’en reste pas moins femme, mère, artiste et citoyenne. Et j’avais donc envie d’écrire sur ceux qui sont nos autres.
Après avoir été à la rencontre des femmes pour Paysâmes, je me suis demandée : écrire, quoi, qui ? comment ? Raconter d’autres femmes ? Oui. Mais. Mais je n’avais pas envie de voir mon propos réduit à une seule dimension féministe et de (me) voir emprisonnée dans une case trop réductrice. Car au-delà des questions de genre, que j’aborde (de fait) dans mes 2 livres agricolo-culturels, mon propos se veut plus encore un plaidoyer pour une agriculture « alternative », bio, durable, plus soucieuse de la planète et surtout de ses faisous.
A bon entendeur. Comme je l’ai écrit en intro dans le livre, c’est un livre qui veut donner à penser. Ce n’est pas une bible ni un guide technique. En revanche, et je le crie, ce livre se veut outil de réflexion et surtout d’action(s).
Pour reprendre le mot à Gilles, l’envie est là : « semer des paysan.ne.s heureux ».
Johanne
Paysômes – intro en breton
C’hoant moa bet da skrivañ a ziarbenn ar mouezed labourerezed-douar pegwir e oan bet me unan anezhe : 10 vloazad, an treid en douar, an daouarn en toaz.
Skrivet m’eus neuze « Paysâmes » a-bouez ma c’halon.
Ahoude, m’eus komzet, eskemmet, flapaet, diskoet… hag en um gavet m’eus get tud : re yaouank, paisanted, ez-micherourion a-goñvers pe edan-stadt (hag o doa gwelet pegen fall eo an hent kemeret get lod ag ar bed labour-douar)
Arlerc’h ar mouezed, setu dait barzh ma spered displegañ ivez ar « wazed » : d’eo ket e ma soñj boud gwelet el ur « féministe » (a pezh a dalvehe berraad ma fropozoù) : kar gwazed a zo, hag o deus roet ding goust an Douar, kar me vev emesk paotred, ha 2 anezhe m’eus da zesevel.
A « Paysâmes » da « Paysômes »
Neuze, aet on dre an hentoù endro da gejañ get paisanted, labourizion-douar, desavourion-loened, lod e labourad c’hoazh, lod all, achiv gete. Get tud seurt arall ouzhpenn, evit klokañ ar propozoù.
Breman, tra m’ema dait er maez ar levr, on fier-ruz ag ar labour bet graet. Fier, hag a dalv e ma bro : boud labouret er feson dereat ; ha fier ivez bevañ e-touez ar baotred vad-se !
Plijadur m’eus bet e ober an tamm levr-mañ, daoust din boud bet trivliet alies. Roeiñ buhez endro da ma re aet kuit, en um gaved get an « Douarourion-se », d’eo ket bet aes berped. Laouen on get o fiañs ennon. Ha trugarez d’ar re o deus asantet fizioud o zestoni, er feson disanavezet, evit komz ag ar c’hleñvedoù, lared an diaesamant da brederiañ en doare dishañval doc’h bed boutin ar labour-douar.
Hiraezh a zo genin, hag aon ivez, kaved « Paysômes » etre ma daouarn ha er c’hanni deoc’h !
Evit kement-se, un tamm skoazell a vehe dait mad (komz ag ar raktres tro deoc’h, pe ragprenañ al levr). Ma n’eo ket nitra « en um zimizhañ » get an Douar, kenkoulz eo en um lakad d’ar vicher skrivagnourez.
Dalc’hamp neoazh hag hadamp paisanted eurüs !
Merci à Andréa Le Gal pour la traduction
paysômes : 1 livre en 3 parties
de mes origines agricoles
Môme poussée (heureuse) à la ferme, j’ai eu à coeur d’évoquer les miens, comme la môme que j’étais, comme la femme que je suis devenue aussi.
Mes grands-pères, tous 2 « cultivateurs » – dont le devenir de la ferme sera opposé, illustrant là le dilemme qu’a connu l’agriculture bretonne et ses faisous : s’agrandir ou disparaître ?
Mes oncles, disparus aussi prématurément (la faute aux produits, à la pression, au boulot trop dur ?). Il y a Yvon, celui tant aimé, et l’oncle ainé, celui fort en gueule, celui là-même qui a mené la profession porcine bretonne pendant 30 ans.
Hommage ? Récit et souvenirs en tout cas pour évoquer ces hommes qui m’ont construite, et dont, à un moment, je n’ai plus partagé les vues.
15 hommes pour raconter l’agriculture (bio) bretonne
9 reportages
Thomas, paysan herboriste, en zone littorale, installé sur un terrain municipal
Thibaut et David, un duo de maraîchers, papas, qui veut du revenu
Olivier et Vincent, paysans-boulangers en presque ville, pas associés mais salarié l’un de l’autre
Jean-Luc, maraîcher, éleveur de biches, sur une ferme de 3 associés ouverte au monde
Philippe, éleveur, vaches laitières, une des dernières fermes d’une très grande ville
Jean-Pierre, ex-maraîcher, toujours animateur (d’ateliers mécaniques)
Florian, chevrier, paysan-boulanger, très esthétisant et très questionnant
Alex, éleveur, associé depuis toujours, et planteur d’arbres
Guénolé, en cours d’installation en chèvre
5 rencontres
avec des ex-paysans ou des hommes entre 2 carrières
René, ex-paysan maraîcher, engagé dans les asso partout, écolo et soucieux d’installer des jeunes
Thierry, berger en Alpilles et réalisateur
Marc, ex-éleveur, qui a tracté à l’animale et comédien, très interrogatif sur le genre
Etienne, éleveur brebis, chèvres, vaches et fromager, qui a vécu une expropriation
Fernand*, éleveur, lait, rencontré pour évoquer (ente autres) la maladie professionnelle
+ Bertrand*, éleveur en conventionnel (son témoignage émaille le Complémenterre)
*sous couvert d’anonymat
Plus on a de certitudes, plus on est con.
Marc, ex-éleveur, « vieux, et content d’être vieux »
le complémenterre
Sans doute est-ce là l’héritage de ma formation scientifique et rigoureuse, mais il me fallait, afin d’assoir mon propos, ce Complémenterre.
Entre sémantique (évolution du vocabulaire désignant les hommes de la Terre) et actualités, il me paraissait essentiel de compléter les reportages par un contenu plus distancié et factuel, comme cette carte des unités de méthanisation en région, cela complété par un texte interrogeant sur la pertinence écologique et sociétale de ce système.
Au menu : un condensé de l’histoire agricole française et plus particulièrement bretonne, qui permet de comprendre le pourquoi de notre agriculture intensive et surtout, au-delà des constats* qui nous figent parfois, de plaider encore une fois pour un soutien réel à une agriculture plus humaine, et pour une véritable place accordée aux femmes.
mise en perspective
Sébastien Chauvel, « fils de »
Anne Guillou, sociologue, spécialiste de la vie rurale
Yolande Landais, ex-animatrice à la Chambre d’agriculture 56
Jean-Michel Sourriceau, chercheur, Cirad
Rémi Mer, consultant, spécialiste de l’agriculture
Francette Bilcot, formatrice
Guy Laluc, journaliste
Michel Besnard, bénévole, collectif des victimes des pesticides
René Louail, ex-porte-parole de la Confédération Paysanne
Gilles Auffret, ex-éleveur, bénévole
On, voit arriver dans les associations de solidarité des jeunes, des femmes. Le vieux paysan isolé n’est pas un cliché mais ça change.
Moi, je me sens responsable. Est-ce que la formation agricole est adaptée ?
Nous, on voulait et on veut semer des paysans heureux.
Gilles Aufret, ex-éleveur et bénévole
un livre terrien et poétique
Raconter la vie en poésie libre
Honnêtement, jamais je ne me serais pensée « poétesse ». Pourtant, il est vrai que le qualificatif revient souvent pour décrire mon travail d’écriture ou de peintre. « Poétique ». Soit. Alors je poème comme j’écris, sans calcul, sans compter les rimes.
Le 1e prix Blaise Cendrars en 2022 pour le poème « Mes mains » – publié dans Paysômes, j’y dis mes mains de travaillese – m’aura (je l’avoue) fait du bien dans cette période post-covid, dans cette post-carrière agricole, si ingrate par certains côtés (cf. texte « Humeur noire » dans Paysâmes, où j’évoque cet entretien tout officiel avec (notamment) une élue-gestionnaire du rsa qui m’enjoint à travailler).
Bref. J’ai voulu adjoindre aussi des textes de Yann Morel, lui l’homme si sensible. Sous réserve qu’il accepte. Et il a accepté. Merci encore une fois à lui.
2 textes du poète breton Yann Morel
« Poète libre de Bretagne, pour une poésie libre » comme il de présente.
1e prix national Blaise Cendrars 2005, viIle de Vannes + médaille de la ville 2011. Auteur du recueil Hanami. Son dernier prix : le 1e de la catégorie « hommes libres » Blaise Cendrars, pour le texte « Larmes de glace », hommage à l’Ukraine.
Les textes seront mis en ligne partiellement sur le blog un jour ou l’autre.
Il y a cette colère divine
Gorgée d’averses et de tempêtes
Déferlant sur les fils de terre
Héritiers des campagnes et labours
Il y a des fossés abandonnés, asséchés
Des talus sans fougères
Troués comme du gruyère
Râpés jusqu’à la caillasse
Arasés pour cet absurde progrès
Orphelins du chant des mésanges
Extrait de Manhattan Breizh, de Yann Morel
Avant et autour de Paysômes
Paysômes, frère de Paysâmes
Paysômes arrive donc, dans ma vie, après Paysâmes, après des dizaines d’échanges, de causeries, d’interventions menées ici et là, sur des salons de femmes, dans des établissements scolaires (il y a des financements pour bosser sur les questions d’égalité femme-homme), dans des librairies.
Merci à tous.tes pour les échanges toujours riches, fructueux. Que de rencontres. Souvent touchantes. Je ne vais pas m’étendre ici mais je pense notamment, alors que je rédige ce texte, à cette « femme de », qui me dit son mari agriculteur, malade. « Il faut raconter ! »
Petites et grande histoire(s)
Paysâmes, je l’ai fait pour elle(s), pour moi, pour nous. Et c’est parce qu’après Paysâmes, j’ai eu ce sentiment net qu’il restait à écrire que je me suis attaquée à Paysômes. Oui, j’use du vocabulaire guerrier, à escient.
Un tel projet ? Ce sont des centaines d’heures de travail, pas loin de 50 entretiens à condenser, des dizaines de documents compulsés. Etape bibliographie obligée pour la partie complémenterre. Car en plus des reportages, il y a tout un volet historico-sociologique. Pourquoi ? Pour étayer le propos, mettre en perspective, relativiser, ou s’insurger.
et maintenant, un podcast ?
Développements à venir, je l’espère. Aujourd’hui, cogito à la suite : conférence gesticulée ?Podcast, vidéo ? Je l’évoque ici car des partenariats pourraient être pleins de sens (radio, presse, asso pour la diffusion, musicien.ne et artiste pour le son, du montage). Avis passé :-).