Des livres agri-culturels et une démarche citoyenne
Faire du livre n’est pas en soi, me concernant, un fin.
Ce pourrait être des livres juste pour le plaisir d’éditer un bel objet, et pourquoi pas des livres uniques – comme il en est de si merveilleux. (Pensées ici à tous ces fabuleux artistes qui proposent des objets magnifiques de délicatesse : Isabelle notamment, qui mêle gravure et calligraphie.)
Voilà pour cette démarche-là. La mienne est différente. Mon propos, en éditant du livre, a été du départ évidente : toucher une public plus large, que celui de l’unique possesseur de l’unique exemplaire. Pour moi, autrice, le livre est un media permettant de véhiculer quelques idées, valeurs, toutes tournées vers l’écologie, la nature, me concernant. Et vers l’humain.e.
Aussi, sans doute ne serez-vous pas surpris.e de lire ici, que Paysâmes, Paysômes s’inscrivent dans une démarche globale : du contenu + est proposé. Expositions et causeries, notamment. Les causeries sont des temps d’échange privilégiés, qui permettent de développer le propos selon le public (jeunes, ou pas, scolaires, en agriculture ou pas du tout, néophytes, …) ou la demande (contenu centré sur l’agriculture, le genre ou le travail de reportage photo, par ex.)
L’important, et c’est le sens de ces livres, est de donner une parole aux invisibilisé.es. Et je crois que les gens de la Terre en sont.
Aujourd’hui, la réflexion se poursuit avec la mise en place d’un podcast – valorisant le travail mené autour du genre – et évidemment, on sortira des seuls enjeux agricoles.
Affaire à suivre dans la page dédiée, si le coeur vous en dit.
Les 2 ouvrages de papier
Paysâmes – Rencontre avec des femmes qui pensent fort la planète (et le genre)
Paysâmes est le premier de mes 2 ouvrages agriculturels. Parce que je suis femme qui ai appris à prendre une parole, j’ai voulu donner à voir mes ex-consœurs, ces faiseuses, si acharnées de travail, si engagées. C’est en ce sens que j’use de « édition citoyenne ».
J’ai voulu raconter les femmes parce que je suis une môme grandie en terre agricole, dans un monde misogyne. Parce que j’ai été paysanne et que j’ai mesuré le peu de place des femmes dans bien des lieux de la vie politique, citoyenne, comme dans les media. Toujours un autre pour raconter : journaliste, observateur.trice plus ou moins compétent, plus ou moins connaisseur de la « vraie » vie agricole.
J’ai écrit Paysâmes ce livre en me faisant violence. Evoquer tous ces sujets agricoles et humain.es. : autant dire que cela n’a pas été simple, après avoir été tant bousculée par ce monde, rude.
Ce livre, c’est une ode aux femmes, à celles qui pensent leur métier, la planète – et placent l’être avant l’avoir. C’est un livre motivé par l’envie de raconter des Terrien.nes, des Jeanne et des gens heureux de leurs choix, même s’ils sont souvent des plus exigeants.
C’est ce que j’aime à rappeler et expliquer.
paysômes – Rencontres avec des hommes sensibles et engagés
Après Paysâmes, j’ai été interrogée sur le genre, la place des femmes, mon féminisme. Et je me suis rendu compte qu’un tome 2 s’imposait. Tout n’était pas dit, encore. Alors, quel livre, quels choix ? Raconter les femmes de Bretagne et de Navarre et de Paname ? Pourquoi pas ? Mais le choix masculin s’est imposé.
Pour éviter – disons-le honnêtement – d’être rangée dans la case des féministes agitées du bocal (ahah) et caricaturales/rées.
Mais surtout, parce que j’ai des enfants mâles et grandissants et que depuis toujours, leur éducation – la parentalité – m’interroge.
Si – en tant que femme – je veux que la place des unes et des autres évolue, que les injonctions faites aux unes et aux autres bougent, il m’appartient d’accomplir ma part, non ! S’adresser à mes petits d’homme et de femme me paraît être un fondamental et un incontournable, de fait.
Enfin, il est vrai, j’avais envie dans ces ouvrages de papier, qui me survivront (j’espère quelques exemplaires toute de même), d’évoquer ceux qui m’ont précédée.
J’y évoque mes père, grand-père, mes oncles, ces gens éteints, pour les garder encore un peu vivants, dans notre monde même si c’est un monde à la con*.
Bref. A vous de lire, décrypter et de vous rendre compte que je n’ai pas juste voulu faire de jolis livres, ni de jolies photos. J’ai avant tout voulu raconter un autre monde, déjà en marche, ou l’être prime sur l’avoir. Et où l’avoir devrait pourtant être revu.
*mot repris à une chanson de Mano Solo.