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retour de foire

p’tit debriefing façon autrice, post-foire

poilponce Marc Chabaron - "je fais de la résistance pensive"

Hier, dimanche, c’était jour de foire. Bio. Aujourd’hui, lundi. (Retour de foire. je fais vite, avant que ne filent les souvenirs.) J’étais invitée et j’étais et j’en reste contente. L’occasion donnée de présenter paysômes, ses faisous, ses hommes. 

J’avoue : 10 h du matin fait rarement recette, comme horaire. Alors, j’ironise. Je ris. J’écris.

Partage d’une tranche de vie réflexive.

Et je tiens à remercier vraiment l’équipe de la foire bio pour son attention : Odile et Brigitte en tête. Je remercie leur attention portée à mon travail. Et les remercie d’avoir l’occasion de le présenter. Ce qui ne m’empêche de penser que  l’horaire n’est pas le plus fréquenté 😉

Quand tu es programmée à 10 h du matin, le dimanche, tu te dis que t’es pas encore tête d’affiche. T’es à peine annoncée après que le coq a chanté. 10 h. On verra. Pas sûre qu’ils soient nombreux à venir m’ouïr bavasser autour des Paysômes. Bavasser, le mot est pas trop joli, mais à 10 h, faut reconnaître. T’as encore un peu la bouche pâteuse de ta nuit – je me suis bien gardée d’aller au concert local de proto-punk et blues rock, histoire de garder ma voix et mon énergie pour cet horaire matinal et cette journée de criade annoncée. Ah ! Oui ! Faut avoir la foi pour une journée de foire. Et j’ai.

Bref, on était 4 à pipeleter ce dimanche matin dans la grande salle. On était 4 et peu importe. Pas envie de me mortiférer.

« On y va ? ». On y va ! Présentation. Démarche. […] Au fur et à mesure que je cause, un des hommes présents perd son sourire ou, c’est selon, écarquille les yeux. (Ah ? Mais que dis-je. Serait-ce une incongruité ? L’avantage ou l’inconvénient à être si peu nombreux, c’est qu’on ressent tout ce que ressent l’autre, ou presque.)

Le quadra, un peu cueilli au lit, finit par lancer un : « Mais vous n’avez pas des parcours de vie plus… – simples ? (Réflexion) Euh… Alors, oui, chez les femmes, j’ai eu deux qui m’ont dit « avoir eu le cul bordé de nouilles » lors de leur installation agricole – mais on était à quelques mois de leurs débuts – mais globalement, non, y’a rien de facile dans le parcours de vie, professionnel de tous les gens rencontrés ».

On n’était pas à la messe, mais à l’inverse du curé, j’ai plus envie de gaver mes ouailles de prêches ronflants ou d’homélies définitives. En fait, lui affirmé-je (et à vous aussi donc), ce qui me gêne le plus avec le recul, grâce ou la faute à l’expérience, c’est de ne pas dire aux Jeanne et aux gens candidats à l’installation agricole que ce sera rude, sans aucun doute, à un moment ou à un autre. Dans ce métier-là comme dans plein d’autres et peut-être plus que dans d’autres – parce que t’aime tes animaux […]. Oui, je crois qu’il faut savoir le dire. (Précisons : il y des collectifs, il y a des soutiens.)

C’est évidemment le fruit de la réflexion et celle partagée avec Gilles Auffret – ex-paysan cité dans le bouquin, qui fait désormais dans la solidarité. Il dit le public qui évolue : les jeunes et les femmes, en bio, dans la galère. Et lui, l’ex-paysan « heureux toute sa carrière », se sent un peu responsable. A l’heure des reconversions (nombreuses), lui rappelle qu’on ne fait pas ou qu’on ne forme pas un paysan en 9 mois (durée du Bp rea, brevet professionnel de responsable d’entreprise agricole).

« Peut-être qu’on envoie les gens au casse-pipe ? »

[…]

La jeune femme (qui assiste à l’échange) témoigne de son expérience, côté admin. Côté Pac. Côté contrôle. Elle dit le lien créé avec des femmes, des hommes, parfois démunis. Elle dit son trouble. Contrôler les gens et avoir malgré tout leur confiance. A l’heure de l’ia, elle, elle rappelle que tous les champs de France et de Navarre sont survolés et photographiés 3 fois/semaine par des satellites  – enfin, ceux qui bénéficient des primes Pac. « Ils [les agriculteurs] savent pas ! ». Et ça changerait quoi ? Et ça veut dire quoi ? Que l’administration sait tout et surveille tout ? […]

Mon 3e matinal, lui, explique avoir été un de ceux qui gèrent des zones à préserver. Pas paysan mais proche de la terre et des bêtes. Il est de ceux qui posent des questions sur la ronde du monde. Et les politiques. Et comment faire pour que ça bouge. Et comment. Cette fois-ci, je n’aurai pas été prise à parti vivement par un type qui s’agace et qui rumine : et vous proposez quoi ? Bah. Raconter tous ces faisous, il me semble que c’est dessiner un monde un peu plus souhaitable.

Mais à lui comme à tous, je tiens à rappeler que mon propos n’est pas de donner du prémâcher à ingurgiter ou de causer comme un curé, un peu allumé. Juste rappeler le travail de mes frères et de mes sœurs, et l’importance de la terre mère. C’est drôle, à chaque fois, que j’écris ces mots, je me sens ricaner et pourtant. Allez, sur ce, bon printemps. Et bonne journée.

Et vive la foire.

ma foire, soyons sérieux

poilponce Marc Chabaron - "je fais de la résistance pensive"

Paysômes : un livre mais avant tout, un credo.

Paysâmes : le premier socle concret de mon projet de vulgarisation agricole.

Les causeries : des temps d’échange pour donner à voir, à expliquer les complexités du monde agricole.

paysomes exposition conference

paysames projet

causerie paysames johanne gicquel

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artiste autrice écolo, tendance féministe. Citoyenne quoi. Adore la musique, les bouquins, mes mômes et mon chat.
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